Origine de la région Jebala
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Origine de la région Jebala
L'ancienne région du Habt comprenait les plaines du Gharb, le Khlot et une partie des pays de montagnes connus aujourd'hui sous le nom de jebala (les montagnards). Les populations berbères qui habitaient les plaines du Habt furent refoulées dans les montagnes au sixième siècle de l'Hégire, lorsque le Khalife almohade EI-Mançour y établit les Arabes Hiâh, sous le commandement de leur chef Massoud. Détruits presque .complètement par le Sultan mérinide Abou Thabet, en Chaoual 707 (février 1808 J.-C.), les Hiâh furent remplacés par les Khlot, les Sofyan, les Beni Djaber et les Acem qui s'y trouvent encore. Conquis une première fois, et convertis à l'Islam par Oqba ibn Nafi vers 682 de J.-C. (63 de l'Hégire), les habitants de la région, connus aujourd'hui sous le nom de jebala, et qui appartenaient tous, sans doute, à la grande famille berbère des Ghomara, répudièrent l'Islam à la mort d'Oqba, en 683 de J.-C. (64 de l'Hégire). Il y avait certainement des indigènes de cette région convertis au Christianisme. Les Ghomara étaient en effet, au moins en partie, gouvernés par le Comte Julien, Yulian émir des Ghomara, qui résidait à Ceuta, où il représentait encore l'autorité de Byzance, tout en entretenant des relations avec les Visigoths d'Espagne. On prétend qu'il était lui-même de race Goth. Yulian avait traité avec Oqba; il traita également en 709 de J.-C. (90 de l'Hégire) avec Moussa ibn Noceir, qui le confirma dans son commandement. On sait dans quelles conditions il dirigea vers l'Espagne la deuxième invasion arabe, qu'il accompagna. Les troupes de la première invasion musulmane en Espagne étaient en très grande majorité composées de Berbères nouvellement convertis, et en particulier de Ghomara, On peut supposer que la région du Rabi (la descente) a pris ce nom à cette époque, parce que c'était le chemin par lequel les tribus berbères descendaient vers la mer pour aller en Andalousie. C'est également, sans doute, de cette époque que date, dans cette même région, le mélange de tribus berbères que l'on remarque aujourd'hui, alors qu'elle était dans l'origine peuplée uniquement de Ghomara.D'après Léon, les jebala appartiennent à la grande famille berbère maçmoudienne des Ghomara; d'autre part, certaines des tribus de cette région se prétendent d'ori­gine çanhadjienne. Déjà au huitième siècle de l'Hégire (quatorzième siècle de J.-C.), Ibn Khaldoun écrivait que dans la partie du Maghreb qui sépare la chaîne de l'Atlas de celle du Rif, pays qui horde la méditerranée, et qui est habitée par les Ghomara, on trouve quelques tribus çanhadjiennes éta­blies sur les collines, dans les vallées et dans les plaines ... « Elles se tiennent dans le voisinage des montagnes occupées par les Ghomara, et de nos jours elles se servent généralement de la langue arabe, il faut observer à ce propos que toutes les tribus du Nord Marocain se divisent elles-mêmes en tribus ghomariennes et tribus çanhadjiennes, Cette division est souvent arbitraire, surtout lorsqu'il s'agit des tribus des plaines qui sont arabes, et ne peuvent par conséquent pas avoir une origine berbère. L'arbitraire de cette classification se manifeste également pour la tribu des Maçmouda, qui est rangée au nombre des tribus ghomariennes, alors que les Ghomara sont eux-mêmes une branche des Maçmouda : « Cette tribu maçmoudienne a pour ancêtre Ghomar, fils de Masmoud, ou, selon une autre tradition, Ghomar, fils de Mestaf ou (Mesettaf), fils de Melîl, fils de Masmoud. » Voici la classification actuelle de quelques tribus du Nord du Maroc en tribus çanhadjiennes et tribus ghoma­riennes:
Tribus çanhadjiennes : Rhona, Beni Mestara, Beni Gorfet, Beni Mezguilda, Beni Zeroual, Akhmas, Khlot, Beni Hassan
Tribus ghomariennes: Ghzaoua, Beni Arous, Beni Ysef, Soumata, Ehl Serif, Massmouda, Sahel, Beni Zekkat, Andjera et Gharb (Sofian et Beni Malik)
Cette classification n'a évi­demment pas pour base le territoire sur lequel se trouvent ces différentes tribus, puisque ce territoire est Ghomari, d'après Ibn Khaldoun et Léon l'Africain, et les tribus çanhadjiennes qui s'y trouvent aujourd'hui viennent cer­tainement du Sud. Une sorte de classification a dû se faire également lors des nombreuses luttes intestines qui ont divisé le Nord du Maroc, et les tribus, sans distinction d'origine, ont été considérées comme çanhadjiennes ou ghomariennes selon qu'elles suivaient l'alam çanhadji ou l'alam ghomari. C'est ainsi qu'aujourd'hui encore les petites tribus des mon­tagnes, incapables de se défendre elles-mêmes et de con­server leur indépendance, vivent sous la protection et sous la domination d'une grande tribu voisine à laquelle elles payent tribut. Deux grandes tribus se disputent sou­vent par les armes la supériorité sur une de ces petites tribus et la petite tribu en litige devient successivement çanhadjienne ou ghomarienne selon I'alam de la grande tribu dont elle devient vassale. C'est ce que l'on appelle couramment le çof Ghomari et le çof Çanhadji. Non seulement les auteurs arabes ne sont pas toujours d’accord sur l'origine d'une tribu, mais il arrive que le même auteur considère la même tribu tantôt comme­ çanhadjienne, tantôt comme ghomarienne. C'est ainsi qu'Ibn Khaldoun indique les Beni Zeroual, qui habitent le Djebel Cerif, comme des­ Canhadja, et, les compte au nombre des familles appartenant aux Ghomara. Quelle que soit l'origine de ces dénominations, il en résulte ce fait curieux, c'est que la région appellent le pays des Ghomara et que cependant, sur huit tribus, nous en trouvons deux qui sont considérées aujourd'hui comme çanhadjiennes. Il n'est pas sans intérêt également de remarquer que cette classification, tout arbitraire qu'elle paraisse au point de vue ethnographique, constitue cepen­dant entre les différentes tribus de la même catégorie un véritable lien. Il est rare en effet de voir deux tribus de la même famille se battre l'une contre l'autre, et il est au contraire fréquent qu'une tribu classée parmi les tribus çanhadjiennes se batte avec une tribu ghomarienne; d'au­tres tribus, considérées comme appartenant à la même famille, prennent fait et cause pour les tribus combat­tantes: les çanhadjiennes se groupent avec les çanhad­jiennes, et les ghomariennes avec les ghomariennes. Nous n'essayerons pas d'expliquer cet état de choses qu'il est intéressant de constater comme un fait. Les tribus des jebala, ne sont d'ailleurs certainement pas composées d'une race pure, et il serait impossible de retrouver les éléments nombreux qui les forment. Ces éléments divers, fondus par les habi­tudes et les besoins d'une existence semblable, ayant les mêmes difficultés à vaincre, les mêmes moyens d'action et, depuis douze siècles, la même religion, ont fini par former une même race dont, à quelques nuances près, les particularités sont les mêmes. L’habitat, les coutumes, la langue, la manière de vivre, la mentalité des différentes tribus des jebala sont sem­blables. Comme tous les montagnards, dont le pays par sa conformation même est d'un accès difficile, ils sont indé­pendants jusqu'à être farouches; orgueilleux, fanfarons, très braves chez eux, ils sont médiocres combattants en dehors de leur tribu, dont ils connaissent bien tous les détours et toutes les embuscades. Ce qui est remarquable chez le jibli, c'est sa terreur profonde de la cavalerie, RI-Hanhan, comme il l'appelle par onomatopée. C'est un fait reconnu qu'un millier de jebala se déban­dent et se sauvent s'ils sont surpris en plaine par cent cavaliers. Les gens des montagnes eux-mêmes n'ont pas de cava­lerie, et les quelques jebala, voisins des plaines, qui veulent monter à cheval, sont la risée des Arabes. Il serait difficile de savoir exactement quelle langue parlaient les habitants de ces tribus avant l'invasion arabe. La langue des Ghomara a dû subir des influences latines et grecques, après avoir subi des influences puniques. L'influence latine se retrouve par l'emploi chez les jebala du mot ramifia pour désigner l'ensemble d'une famille; on dit «familia kebira» pour dire, non pas une grande famille, mais une famille nombreuse en y comprenant les ascendants, les descendants et les collatéraux. Si ce mot n'était usité que dans les tribus voisines de Tanger, on pourrait penser à une influence espagnole, mais on le retrouve jusque chez les Akhmas et les Ghzaoua, où l'influence de l'espagnol n'existe pas. Les Ghomara, qui ont été les premiers en contact avec les conquérants arabes, ont été certainement les premiers à parler leur langue. Les Çanhadja établis ensuite en territoire ghomari ou dans son voisinage, parlaient également arabe au huitième siècle de l'Hégire (quatorzième siècle J.-C.), à l'époque d'Ibn Khaldoun. Déjà arabisés en partie par leur contact avec les Arabes d'Oqba ibn Nafi et de Mousa ibn Noceir, les Djebala l'ont été plus complètement par l'établissement chez eux, au quatrième siècle de l'Hégire, des Chorfa Idrissites fuyant Fès devant Mousa ibn el-Afiya el-Miknasi. L'occupation d'une partie du territoire du Habt par les Hiâh au sixième siècle et par les Khlot, les Sofyan, les Beni Djaber et les Acem au huitième siècle de l'Hégire, et le contact fréquent des Djebala avec ces Arabes, leur ont fait perdre complètement l'usage de la langue berbère, et depuis plusieurs siècles, la seule langue qu'ils emploient est l'arabe, avec un accent particulier et l'usage de mots berbères ou de mots arabes berbérisés.
D’après les archives Marocaines par E. Michaux-Béllaire
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تاريخ التسجيل : 01/03/2007
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